En tant que communauté sportive, comment pouvons-nous soutenir les femmes entraîneures pendant la pandémie de COVID-19?

La pandémie de COVID-19 a amené plusieurs d’entre nous à redéfinir notre façon de concevoir le travail… quelques fois pour le pire. Si le sport est une véritable passion pour plusieurs, nous ne pouvons faire abstraction de la façon dont les changements dans la vie professionnelle ou personnelle peuvent avoir une incidence sur la capacité d’adaptation des bénévoles et du personnel essentiel, notamment des entraîneurs.

Les entraîneurs et les entraîneures sont les leaders qui jouissent de la plus grande visibilité et de la plus grande influence dans le domaine du sport. Ils et elles modèlent les expériences vécues par les participants et les participantes et jouent un rôle dans la croissance et le développement du sport[1]. En dépit des avantages bien documentés de l’équité entre les genres et de l’influence positive des leaders et des modèles féminins dans le sport, les femmes continuent d’être sous-représentées parmi les entraîneurs, à tous les nouveaux et dans l’ensemble des disciplines. En 2019, parmi l’ensemble des entraîneurs qui ont suivi les cours du Programme national de certification des entraîneurs, seuls 34 % étaient des femmes. Les femmes occupent actuellement seulement 3 % des postes d’entraîneur-chef, dans les équipes masculines, 18 % des postes d’entraîneur-chef dans les sports mixtes et 26 % des postes d’entraîneur-chef dans les équipes féminines (U Sports et de l’ACSC)[2].
Les données de RBC et de l’ONU Femmes démontrent également que les femmes ont été touchées de façon disproportionnée par les conséquences économiques de la pandémie. Avant la pandémie, la participation des femmes sur le marché du travail canadien avait atteint un sommet historique; en avril, par contre, cette participation était revenue au plus bas niveau enregistré depuis 1986[3]. Les normes relatives au genre ont placé le fardeau de la demande accrue pour le travail non rémunéré associé à l’éducation des enfants et aux tâches domestiques sur les épaules des femmes[4], et la relance de l’emploi a été plus lente pour les femmes depuis de début des efforts de déconfinement[5].
Ces phénomènes combinés font en sorte que les organisations sportives, à tous les niveaux, ne peuvent laisser au hasard la question de la représentation des entraîneurs féminins. Nous avons l’occasion de promouvoir et de soutenir les femmes qui occupent des postes d’entraîneur et, ce faisant, de contribuer à changer le discours social entourant les femmes et les filles dans le sport, qui cherche souvent à « régler » le problème des femmes pour qu’elles puissent s’intégrer dans un système dominé par les hommes[6].
Voici cinq mesures que les organisations sportives peuvent prendre pour mieux recruter, soutenir et promouvoir les femmes à des postes d’entraîneures :
1. Créez une culture organisationnelle qui valorise les femmes. Vous pouvez y parvenir en remettant en question le discours ambiant qui a tendance à blâmer les femmes et en communiquant vos valeurs d’inclusion de façon explicite, volontaire et résolue[7]. Cela passe notamment par la valorisation des équipes féminines et des entraîneures et par un soutien équitable offert aux femmes.
Voici de quoi il est question quand on parle de « discours ambiant ayant tendance à blâmer les femmes » : les femmes ne posent pas leur candidature, elles n’aiment pas autant le sport que les hommes, elles n’ont pas l’expérience et les connaissances requises pour entraîner, les femmes qui ont des enfants manquent d’engagement ou de temps, les femmes n’obtiennent des postes que parce qu’elles sont des femmes.[8]
2. Soutenez et accommodez les entraîneurs qui ont des enfants. Encouragez les entraîneurs masculins ou féminins à inclure leur famille dans leur rôle d’entraîneur autant que possible[9]. Mettez en place des politiques favorables à la famille, notamment par rapport aux déplacements ou aux services de garde subventionnés.
3. Établissez des ponts avec des réseaux plus diversifiés et mettez en place une liste de relève remplie de femmes talentueuses qui pourront occuper des postes d’entraîneur[10]. Impliquez les entraîneurs et les leaders féminins dans le processus d’embauche et de recrutement, et engagez-vous à utiliser un bassin de candidatures diversifié.
4. Offrez, développez et payez pour des occasions de développement ciblées pour les femmes, y compris des programmes de mentorat pour les entraîneurs féminins[11].
5. Engagez-vous à engager et à promouvoir les entraîneurs féminins en établissant des cibles précises relatives au pourcentage de femmes occupant des postes à tous les niveaux, et établissez un échéancier pour atteindre ces objectifs.
Consultez ces ressources importantes pour en apprendre plus :
- Recommandations de l’Association canadienne des entraîneurs pour soutenir les entraîneures
- Mentorat des entraîneures
- Best Practices of Recruiting, Hiring, and Retention of Female Collegiate Coaches (en anglais seulement – Tucker Centre)
- Mother-Coach Generated Strategies for Increasing Female Coaches in Youth Sport (en anglais seulement – Tucker Centre)
- Même jeu : Une boîte à outils pour la réalisation de votre vision de l’équité des genres
Femmes
et sport au Canada travaille conjointement avec l’Association canadienne des
entraîneurs sur l’initiative sur la parité homme-femme en entraînement, rendue
possible grâce à l’appui du gouvernement du Canada. Cette initiative inclut un
engagement à étendre l’offre de formation et les ressources du système sportif,
pour aider les décideurs à éliminer les obstacles qui nuisent aux femmes
entraîneures. Plus d’informations et de ressources seront publiées relativement
à ce programme, en 2021.
[1] Le signal de ralliement : Appel à l’action pour bâtir un système de sport réellement ouvert aux filles et aux femmes (2020). Femmes et sport au Canada.
[2] Femmes et sport au Canada. (2020).
[3] Services économiques RBC. (22 juillet 2020). La pandémie menace des décennies de progression des femmes au sein de la population active. Récupéré le 16 septembre 2020, de https://leadershipavise.rbc.com/la-pandemie-menace-des-decennies-de-progression-des-femmes-au-sein-de-la-population-active/
[4] ONU Femmes – L’impact de la COVID-19 sur les femmes et les filles. (19 mai 2020). Récupéré le 16 septembre 2020, de https://interactive.unwomen.org/multimedia/explainer/covid19/fr/index.html
[5] Services économiques RBC. (22 juillet 2020).
[6] LaVoi, N. M. (25 février 2020). Gender Equity in Coaching: Best Practice. Conférence présentée à Equity in Coaching: Learning and Planning with NSOs, Ottawa.
[7] LaVoi, N.M., & Wasend, M.K. (juillet 2018). Athletic Administration Best Practices of Recruitment, Hiring and Retention of Female Collegiate Coaches. Tucker Center for Research on Girls & Women in Sport, Université du Minnesota.
[8] LaVoi, N.M., & Wasend, M.K. (juillet 2018).
[9] LaVoi, N.M., & Wasend, M.K. (juillet 2018).
[10] LaVoi, N.M., & Wasend, M.K. (juillet 2018).
[11] LaVoi, N. M. (25 février 2020).